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Salvador Dali a eu déjà une rétrospective au Centre Pompidou en 1979 ; 2012 était-il un remake ?
Non, grâce à des découvertes, par exemple sa période madrilène ; à l’époque l’exposition était axée sur le surréalisme et Dali, vivant, y faisait des événements provocateurs, paraissait bouffon : cette rétrospective était "spectacularisée" ; enfin son engagement politique, son goût de l’argent (d’où son anagramme "Avida Dollars" par André Breton) étaient mal vus et ont un peu tronqué l’exposition.
Cela s’est apaisé, le regard actuel a pris du recul : cette rétrospective Salvador Dali 2012 est sage, complète avec des oeuvres peu vues, va jusqu’au bout avec ses dernières oeuvres maladroites, montre des dessins, films et reconstitutions ; elle est imprégnée de la vraie personnalité de Dali, qui se révèle avant tout un peintre de génie.
ses rencontres avec Garcia Lorca et Luis Bunuel l’ont marqué et ses premières années de peintre (1922 à 1926) emmènent Salvador Dali au surréalisme espagnol. Puis les influences de Miro et Tanguy en 1927 le mèneront à la sexualité et à la mort : c’est sa période putréfaction, prémisse de la Méthode Paranoïa Critique qui le conduira au surréaliste film Le Chien Andalou (bas de page)
Etude pour : Le Miel est plus doux que le sang
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cette période-clé entre 1929 et 1938 est solidement représentée : Salvador Dali rencontre les surréalistes français à Paris et il s’intéresse à la sexualité et aux fantasmes qui leur sont chers ; il rencontre aussi Freud et élabore la fameuse Méthode Paranoïa Critique (paranoïa : tout événement est considéré comme une persécution) ; il expose ses phobies dans ses oeuvres, comme les sauterelles.
En fait il inverse le processus et vous plonge dans sa réalité personnelle : pour lui ses fantasmes sont la réalité, par exemple sa lecture de l’Angelus de Millet où il décèle un enfant mort enterré pleuré par ses parents. Dali "tue" son père par l’ intermédiaire de Guillaume Tell et de l’Homme Invisible. Il commence ses séries des doubles images, d’ambiguïté totale, où une forme représente une chose mais aussi une autre ; exemple : l’Enigme sans fin qui a une douzaines d’interprétations différentes.
Le spectre du sexappeal, vers 1934,
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les guerres d’Espagne, qui le chassent et persécutent sa famille, la guerre Mondiale, la Guerre froide lui font aussi peur que les sauterelles, d’où l’origine de sa peur des révolutions ; il en résulte une ambiguïté politique ; alors il se place au retrait et le plonge dans le mysticisme, produit des tableaux comme le formidable La tentation de St-Antoine ou Uranium et idylle atomique.
Laurence Le Bris, assistée par Valentina Dodi, en collaboration avec Oscar Tusquets |
la scénographie que Salvador Dali avait souhaitéele Centre Pompidou a élaboré la scénographie que Dali avait souhaitée en 1979 : un espace ouvert avec une colonne vertébrale au centre, avec l’idée que l’on pénètre puis sort de l’extérieur par un jeu de sas de compression-décompression, entrant par un oeuf (naissance), sortant par le cerveau (maturité). Les tableaux étant très lumineux, on y a banni la lumière naturelle. |
toute sa vie Salvador Dali fut intéressé par le cinéma : il participa au Chien Andalou (film expérimental écrit avec Bunuel en 1929), au film l’Age d’Or aussi avec Bunuel (1930) et plus tard collabora avec Hitchcock (1945) et Disney avec Destino (1945, absent de l’expo). Il fit un film pour la TV en 1960 : Chaos et Création, 1ère vision à Paris, et fit son Autoportrait Mou (1966-1972) avec Jean-Christophe Averty !
Une caractéristique de l’exposition est de montrer la fascination de Dali pour la photo (avec l’extraordinaire série série Dalí Atomicus (1948), le cinéma et la télévision...
Le Dali Atomicus, photo de Philippe Halsman, 1948
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...et d’une manière générale son échappée dans le show-biz, surtout depuis ses visites à la Factory de Wahrol à New York, ainsi que son attrait pour l’argent, poussé par la dépensière Gala, qui le conduira à produire quantité de multiples (l’exposition évite ces oeuvres inintéressantes).
elles surprennent car les multiples reproductions sous forme d’affiches, posters et même reportages, sont souvent beaucoup plus grandes que les oeuvres réelles, au point de dénaturer l’image qu’on en a.
Par exemple Le Spectre du Sexappeal (image du haut) est présentée souvent en grande dimension, or elle est tout petite : 18x14 cm ; c’est un extraordinairement travail de miniature ; "je la croyais bien plus grande" s’exclame à côté de moi une dame, à l’exposition ; autre exemple : dans une revue d’art connue, ce Spectre est visualisé 1.5 fois plus grand que le tableau, tandis que l’Aurore inspirée de Millet l’est en tout petit alors le tableau mesure 2.5 mètres !
plus d’infos : |
> l’étude la plus complète sur Salvador Dali > Dali et le cinéma : expo à Londres 2007 |
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