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Serge Chamchinov refonde le Livre d’artiste

 

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Peut-on créer une œuvre contemporaine à partir d’un ouvrage qui a marqué l’histoire du livre d’artiste ?
Serge Chamchinov relève le défi dans son dernier ouvrage Jamais Plus Blanc/Noir [section Translation, collection Laboratoire du livre d’artiste] où il propose sa vision synthétique du livre d’artiste.
Il part de l’édition de 1875 du Corbeau, poème The Raven d’Edgar Allan Poe [éd. Richard Lesclide] traduite par Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé, gravures d’Edouard Manet, qui a été significative pour la naissance du Livre d’Artiste francophone.

 

voir aussi : qu’est-ce qu’un livre d’artiste ?

 
 

Serge Chamchinov convoque les textes célèbres de la littérature dans près de 190 créations "non pour les illustrer mais pour improviser sur ceux-ci" ; il se livre au jeu calligraphique mettant en relief les jeux visuels des mots

Interview de Serge Chamchinov, créateur de Artlibris et du LAAC

(entretien en 2012)

 

 
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> Almanart : pourquoi avez vous choisi "Le Corbeau", plutôt austère ?
Serge Chamchinov :  les thèmes sombres, tragiques, rigides sont un des côtés de mes livres ; mais l’idée principale n’a pas été initiée par la source émotionnelle ; en fait, je ne connais pas beaucoup de livres d’artistes qui aient abordé cette œuvre après Manet et Mallarmé. Donc c’était une sorte de défi.
La tradition du livre d’artiste en France trouve son origine dans cette édition du Corbeau par Mallarmé, un défi qu’il se faisait à lui-même à son époque par rapport à la traduction canonique de Poe par Baudelaire. J’ai senti, après toutes les querelles sur le livre d’artiste depuis les années 1980, qu’il fallait une œuvre-réponse. C’était donc un nouveau chemin de développement.
Le livre sur Le Corbeau se devait d’être une œuvre qui accumule nombre d’éléments essentiels et traditionnels de l’art du livre : les effets produits par la typographie, la mise en page et visualisation du texte, les rapports entre l’écrit et le dessin, la présentation de la reliure, etc.


> At : et pourquoi ce titre Jamais plus Blanc/Noir ?
> SC :
ce livre a deux facettes : littéraire et plastique ; "jamais plus" se réfère à la phrase la plus énigmatique du Corbeau, et "blanc/noir" à certaines théories d’art contemporain. Par construction, son contenu est mis entre deux compositions concrètes : L’aile du corbeau blanc et L’aile du corbeau noir ; la négociation mise dans le titre est un point crucial de mes interrogations sur les rapports entre le blanc et le noir. Question que je pose depuis une dizaine d’années dans mes autres œuvres* 

> At : que voulez vous démontrer par ce travail ?
> SC :
mon ouvrage ouvre l’hermétisme du livre d’artiste, souvent considéré comme élitiste ; il montre mon laboratoire, ma vision du livre d’artiste… tout est expliqué pas à pas dans le deuxième volume.
Ce livre est vivant : dans le mouvement des pages feuilletées on voit le corbeau-prophète tourner la tête, on sent ses ailes tactilement (au début et à la fin du livre) ; son vol apparaît dans le visuel de double-page qui, feuilletée, figure les battements des ailes. L’empreinte monotype au milieu du livre est pensée comme l’image qui se forme dans le temps par la pression du poids du livre-même

> At : vous avez avancé le terme "translation"...
> SC :
oui, au sens large : il signifie la transmission des valeurs intellectuelles et esthétiques d’une culture à une autre, d’une époque à une autre. Ainsi le but n’est pas la publication du Corbeau, mais sa translation dans une oeuvre plastique, poétique dans la reconstruction du texte, esthétique dans ses signes linguistiques. Au milieu du livre, la translation d’une partie anglaise à une autre française se fait par une page intermédiaire qui utilise un crayon lithographique et son empreinte sur calque

 

* : Goethes Faust zwischen dem Weißen und Schwarzen 2003, Staccato : SCHWARZ-WEIß 2006, Ales Albus 2007, Expressions noires I,II,III,IV,V (2009-2011)

> At : par ailleurs, vous présentez votre livre comme un outil de référence, pour quelle raison ?
> SC :
parce qu’il est destiné à devenir un outil de travail et de réflexion pour les éditeurs, typographes, artistes, linguistes et théoriciens d’art en ce qu’il révèle les multiples coexistences entre texte et images, leur fusion et la contrainte entre eux.

Des bibliothèques prestigieuses en France, en Belgique, en Suisse ne s’y sont pas trompées en le réservant pour leurs Fonds spécialisés ; parmi elles : Sainte-Geneviève, Jacques Doucet, BnF, Wittockiana, Cantonale et Universitaire de Lausanne ; il est exposé à la Biennale d’Arras "Livre à voir" en avril 2012

> At : je vois que le livre est composé de deux volumes...
> SC :
et qui sont complémentaires : le second montre le travail de l’artiste qui applique son journal d’expérience sur le premier volume et invite le lecteur dans son laboratoire pour le faire participer à la conception de son œuvre.
Ce second volume montre le cheminement de sa création : il devient une nouvelle œuvre engendrée par le premier et constitue lui-même un livre d’artiste à part entière

> At : revenons un peu en arrière : vous avez eu une trajectoire plutôt originale ; finalement comment vous êtes vous intéressé au Livre d’artistes ?
> SC :
j’ai commencé mes expériences par la chimie à Moscou ! Parallèlement j’étais dessinateur et aquarelliste, faisant des dessins avec des références littéraires : Kafka, Joyce, Nabokov… que je réunissais sous forme de livres où le texte ne figurait pas ; j’ai donc essayé d’élaborer une méthode de lecture graphique. Ainsi en 1989, mon premier livre s’intitule Clef graphique pour le Château de K. (Lecture I, II,III, IV, V).
J’ai étudié l’œuvre d’Henri Michaux, poète et peintre, puis me suis installé en France dans les années 2000 ; ce qui m’a amené à soutenir une thèse universitaire à Paris-8. En théorisant mon travail artistique en écriture, je pratique le livre d’artiste depuis une bonne vingtaine d’années, c’est pour moi un espace d’expérimentation, un espace vital.

 

   
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> At  : merci de vos explications et bon succès à votre Livre !

 


 

 

 

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