faux et usage de (presque) fauxun marché du faux se forme dès lors qu’une collection ancienne s’épuise, que peu de productions originales sont disponibles, que la mode s’en mêle, bref : dès qu’il est rentable de fabriquer des copies aussi "vraies" que l’original ;ce marché du faux reste lucratif... tant que le jeu ne finit pas au tribunal, ce qui est assez fréquent et ruineux pour les joueurs ; alors rien ne va plus !mais il n’y a pas que du faux, il y a aussi de la contrefaçon, du pastiche et du parasitisme... tout n’est pas préjudiciable.Dans cette page :
> jusqu’au 29 janvier 2023
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faux et border-lines illustrés par l’actualité :par Claude Léger > Picasso a-t-il manqué de moyens pour peindre cette oeuvre sur cette horrible tapisserie des années 60 ? faux, ce n’est pas lui puisqu’il date de 2021
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et vous, êtes-vous bien sûr qu’il n’y a aucun faux, contrefait ou pièce "discutable" dans votre collection d’art et design ? mmh ? pas de panique : une fake news prétend 30% de faux en art, 50% dans l’ancien (par un expert qui propose ses services...) : bien sûr c’est fantaisiste car à ce niveau le marché de l’art n’existerait tout simplement pas !
> vous avez un tel pot chez vous pour quelques Euros ? bien,
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faux : acte de proposer une oeuvre pour ce qu’elle n’est pas, avec intention frauduleuse ; mais il y a des nuances :
> il y a faux quand il s’agit soit de la copie d’une oeuvre portant la signature imitée d’un artiste qui n’est pas son auteur (ex : copie d’un Matisse signé Matisse), soit quand une oeuvre originale est signée non pas par son auteur imitateur mais par celle contrefaite de l’artiste qu’il veut imiter (ex : une oeuvre "à la manière de" signée.. Matisse)
> quelle différence entre faux et contrefaçon ? le faux s’applique aux œuvres limitées et signées, la contrefaçon aux œuvres multiples non limitées ni signées, comme du design par exemple ; les deux mettent en cause la propriété intellectuelle ou le droit d’auteur et portent préjudice aussi bien à l’auteur qu’au collectionneur
l’article 441-1 du Code pénal est assez général : |
"constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques", aussi a-t-il été progressivement complété par la jurisprudence qui l’a étendu à l’art |
> il y a parasitisme lorsque quelqu’un tire indûment parti du savoir-faire technique d’un autre : personne n’a le droit de se nourrir de l’autre sans son autorisation ; mais c’est difficile à démontrer : l’exemple incroyable est le procès perdu de Xavier Veilhan contre Richard Orlinski, le Tribunal de Paris estimant en 2014 que les artistes avaient des univers distincts : que l’un est un artiste et l’autre un décorateur ! ; les parasites ont de beaux jours devant eux grâce à un laxisme juridique aussi scandaleux…
Xavier Veilhan, Lion (courtoisie
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Xavier Veilhan est un artiste très créatif, Richard Orlinski est un décorateur people qui diffuse ses objets comme des lessives ; ça marche, les ventes affluent à prix d’or : en 2015, il est classé premier du Top 10 des "artistes" français les plus vendus dans le monde... effectivement il n’est pas l’artiste qu’il prétend : ce lion est disponible sur son site en 4 tailles, 10 couleurs et 131 façonnages différents que vous pouvez choisir... comme votre cuisine... un abus au collectionneur naïf |
![]() Richard Orlinski
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> il peut y avoir copie sans intention de nuire : un copiste peut réaliser une reproduction d’un tableau (avec ou sans sa propre signature) et la déclarer comme telle ; ainsi font des ateliers spécialisés appréciés des collectionneurs qui mettent en sécurité l’original et accrochent au mur la parfaite copie ; mais il doit respecter le droit de l’auteur original
> heureusement l’humour est préservé ! la parodie, imitation satirique ou comique, est tolérée au nom de la liberté d’expression, mais n’est pas à l’abri d’une sanction si il est destiné à ridiculiser sans fondement > cette Joconde du célèbre Fernando Botero,
Fernando Botero
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> pour le haut de gamme : réunissez un faisceau suffisant d’informations, clé d’une bonne analyse de l’authenticité : étudiez l’artiste et ses oeuvres, vérifiez les documentations, sollicitez un, voire deux experts ; le plus important est la provenance, puis l’existence d’une documentation : certificat (que peut-on en attendre) et factures, catalogue raisonné, témoignages de proches de l’artiste, traçage des transactions, etc
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<< analyse d’une oeuvre devant être de Fernand Léger, par le laboratoire Fine Arts Expert Institute installé dans le Port Franc de Genève (reportage) > pour le moyen de gamme, vous pouvez être moins méticuleux (car cela prend du temps et de l’argent) : la garantie de la galerie et un certificat peuvent suffire ; aux enchères une pré-sélection experte est toujours faite en avant-vente et en cas de problème vous avez un recours pouvant aller jusqu’à l’annulation de la vente ; demandez la documentation fournie par l’étude > pour le bas de gamme (une collection de multiples…), ne gâchez pas votre spontanéité, suivez simplement des règles simples et de bon sens… et nos conseils en bas de page > pour les tableaux anciens, voici quelques trucs |
un original est identifié par la signature et la provenance, mais… :
> les textes ne sont pas toujours clairs pour établir sans contestation l’authenticité d’une oeuvre, car le droit n’en donne qu’une définition générale, complété par le décret du 3 mars 1981 qui définit les appellations du genre "oeuvre de, signé par, attribué à, atelier d’époque, style de…" et par des décisions de la Cour de Cassation qui font jurisprudence ; c’est donc une affaire de juristes spécialisés en art et design...
> ainsi ne sont pas fausses, les oeuvres produites par des peintres qui se déclarent (ou que l’expert déclare) inspirés par exemple de l’Ecole de Barbizon ; ils s’inscrivent simplement dans une mouvance et, s’ils sont d’excellents techniciens, ce sont des "petits maîtres" reconnus et appréciés | (Daniel Buren, artiste) : "si le public pense que ceci n’est pas une oeuvre d’art (de moi), alors je peux même être d’accord" mais méfiez-vous : Buren veille à ses droits d’auteur ! |
> ces formulations restent ambiguës pour l’amateur à qui on ne demande pas d’être juriste, pourtant dans ces cas l’oeuvre n’est pas fausse, simplement l’expert reconnaît ainsi son doute tout en cernant la provenance
> il n’y a pas d’experts officiels, seulement "reconnus" ; ils sont spécialisés ; alors l’amateur ne sait pas forcément à qui s’adresser
> sachez que les maisons de vente sollicitent des rabatteurs pour leur trouver des objets à vendre ; autant dire que la provenance ou l’histoire d’un objet peuvent être authentifiées, disons, un peu rapidement ; même s’il y a risque d’annulation d’un lot contesté
la meilleure précaution est de s’adresser à des intermédiaires dignes de confiance :
> le Syndicat des Maisons de Ventes Volontaires (SVV) édite une norme de reconnaissance internationale pour la qualité de vérification des oeuvres et leur traçabilité ; les maisons de vente adhérent à ce label exigeant
> la Foire de Maastricht pratique un vetting pour tout acquéreur d’une oeuvre de prix ; probablement que d’autres foires haut de gamme suivront
le vetting : une invention de la Tefaf de Maastricht |
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> consultez les assureurs, confrontés régulièrement au problème ils délivrent des conseils bienvenus
> adressez-vous à l’artiste ou ses ayant-droits qui peuvent authentifier les oeuvres > ou aux fondations qui veillent, comme la Fondation Picasso ou la Fondation Giacometti qui, en traquant les contrefaçons, en recensent chaque année plusieurs milliers sur des sites de vente
<< je m’interroge : dans cette parodie, Norman Rockwell a-t-il peint un "vrai" Pollock ? la réponse est ici !
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> acheter une oeuvre d’un artiste actuel, vivant, permet de vérifier à sa source même ; si l’artiste n’est pas célébrisime il est souvent joignable sur son site ou sur facebook
> pour un artiste dit contemporain (définition de ces termes), il est encore aisé de vérifier son travail, sa documentation, les matériaux utilisés, les interventions sur l’oeuvre par un restaurateur, l’originalité des teintes utilisées, la provenance… si l’artiste n’est plus vivant, contacter ses ayant-droits ; sinon faire comme ci-après
> pour les artistes modernes : achetez à une source fiable qui a étudié son sujet et peut vous renseigner sur une provenance vérifiable de l’oeuvre ; ici, la galerie est la plus sûre, mais évitez celles qui sont marchandes de toutes sortes d’art, sollicitez celles qui sont spécialisées
> soyez logique ! les statistiques des ventes, les cotes publiées, les catalogues vous renseignent sur la valeur moyenne des oeuvres et indiquent des fourchettes de prix ; si vous doutez du prix proposé, dès que l’oeuvre atteint une certaine valeur, fouillez les catalogues et bases des données des cotes ; pour une somme faible et/ou un peu de temps, vous pouvez lever votre doute (quelques conseils) > méfiez-vous des périodes troublées : les guerres, désordres, pays peu accessibles font la joie de faussaires qui prétendent avoir accès à des sources rares et confidentielles où personne ne peut rien contrôler ; mais il peut y avoir des expériences innovantes si vous avez un faisceau de connaissances qui vous rassurent |
> comme ce sont les tableaux anciens qui présentent la proportion la plus élevée de suspicion (mais pas de "faux"), car ils ne sont pas toujours signés et bien des oeuvres ont été produites par des élèves d’un maître au sein de son école, alors le doute est facile à exprimer ; conclusion : achetez des artistes actuels !
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> dans le haut de gamme, les faux concernent les oeuvres qui circulent peu dans les ventes et sont peu documentées, ou alors des "redécouvertes" signées d’artistes célèbres ; par exemple un Van Gogh, vrai ou faux, trouvé dans un grenier défraie la chronique et mobilise des hordes d’experts depuis plusieurs années
> dans le bas de gamme, ce sont surtout les lithographies ou les photos : Avidadollars (Salvador Dali) a signé des centaines de feuilles blanches pour son éditeur, car il considérait les oeuvres éditées comme moyen de large diffusion de son travail ; idem pour les éditions de ses bronzes (ce qui est carrément contestable) ; alors, devenu son propre faussaire, la valeur de ses multiples est quasi-nulle… à perpétuité ! bravo l’artiste
>> quand donc les oiseaux feront-ils un procès à |
Tadashi Kawamata, installation au Donjon de Vez (courtoisie) / clic=zoom |
> tous les médiums sont atteints, même le street art ce qui n’étonne pas du fait qu’il soit à la mode ; par exemple le graffeur JonOne a en 2014 attaqué le marchand Warren Levy pour avoir commandité des faux tableaux !
> même les musées se sont fait refilés des toiles douteuses, surtout à une époque où les moyens d’investigation étaient plus réduits ; désormais ils sont devenus extrêmement méfiants !
le design est à la mode, les prix s’envolent… donc, tentations :
> la première étant de vendre des rééditions à prix exagérés… c’est très courant : des meubles de designer modernes célèbres (Perriand, Jeanneret...) produits en petites séries à leur époque, sont allégrement réédités sans qu’ils soient toujours répertoriés comme rééditions légales
> du mobilier d’époque produit industriellement (Prouvé...), est rendu rare en le stockant longtemps puis les diffusant à petite dose…
> le filon des fauteuils inspirés du célèbrissime Lounge Chair de Charles Eames : ils ne sont ni faux ni contrefaits s’ils émanent d’éditeurs qui ont le droit de re-production par l’auteur ou ses ayant-droits, comme Vitra ; la question de l’authenticité est ici déplacée sur le plan du droit d’auteur, qui court (pour cet exemple) jusqu’en 2026 (date de création 1956 + 70 ans)
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<< l’industriel Emile Gallé a produit vers 1900 des vases, lampes etc à différents niveaux : rares ou à grand tirage : il vous faut distinguer les pièces de prestiges parfois uniques et de qualité muséale, des productions en séries ; après son décès la fabrication a continué ; puis des rééditions ont été faites en Roumanie où un savoir-faire existe en verrerie : celles-ci se distinguent par une petite marque "tip" sur le verre, comme c’est le cas de cette pièce (de bonne "qualité série") et signée Gallé ; on est à la limite extrême de la copie légale les signatures de Gallé ont évolué, |
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> déjà à leur époque, les frères Auguste et Antonin Daum et Emile Gallé, verriers célèbres d’Art Nouveau à Nancy, se sont sans cesse accusés mutuellement de plagiat quant à leurs techniques de fabrication !
dans ce domaine l’ambiguïté est cultivée, trois exemples :
> une sculpture de Camille Claudel en bronze sur socle onyx, se voit réeditée 100 ans plus tard entièrement en bronze par surmoulage ; paf : procès pour reproduction illicite ! et là, les avis des cours divergent : sur les "présumées intentions premières de l’artiste", sur l’originalité de l’oeuvre non faite à partir du modèle en plâtre mais d’un surmoulage…
> l’atelier Valsuani, éditeur de l’animalier Pompon, fondait parait-il à tout va pour payer ses ouvriers : résultat ? quantité d’animaux de Pompon non numérotés, non autorisés… mais au moins ils sont de qualité et venaient du "bon" fondeur ; donc s’ils sont vendus à prix abordable car il n’est stipulé que le tampon du fondeur, pas la signature de l’artiste ; ce peut être un achat valable pour ce qu’il est
> le musée Rodin exploite cette veine tout à fait légalement, grâce à une disposition signée par l’artiste
> achat-ventes de particulier à particulier
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êtes-vous tenté de fabriquer quelques faux ?
> pas si facile ! produire des faux de haut niveau entraîne des coûts de production élevés : des historiens pour "tracer" la production de l’artiste, des recherches sur l’origine des matériaux, des alliages d’époque, des manières de les "vieillir", des teintes introuvables sans analyse pour arriver à une "patte" plus vraie que nature…
>> l’Office central de lutte contre le trafic de |
> ainsi prolfèrent des antiquités patinées à l’acide ou au brou de noix, trous de ver inclus (cela se voit : les vers ne creusent pas en ligne droite), des photos vintage reproduites en petite série après la mort du photographe, des céramiques vieillies sous la cendre, des bronzes enterrés pour faire vieillir, des dessins affinés avec du thé, marc de café, chicorée…
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voulez-vous collectionner des faux ?
ils ne sont pas diffiles à trouver : > la palme revient à internet où les vraies-fausses bonnes affaires sont légion, d’autant que les sites de vente ne sont pas responsables de leurs contenus non-éditoriaux ; exemples au choix ci-après
<< en définitive, c’est l’artiste volontiers |
> une gravure de Rembrandt "authentique" pour 900€
> une lithographie de Chagall, une autre de Picasso, avec signature et numéro de tirage rajoutés pour la transformer en édition limitée
> de petites sculptures de Calder en édition limitée… sur un thème qu’il n’a jamais abordé !
> des photographies contemporaines dites originales mais tirées en plusieurs formats pour contourner la limite légale, pourtant déjà trop élevée…
> des imitations de vases Gallé, une profusion de céramiques de faux Sèvres
> des Andy Warhol en pagaille à des prix exorbitants, de "provenance des Etats-Unis" : allez donc vérifier…
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> il existe plusieurs listes rouges d’oeuvres volées ou fausses, dont celle d’Interpol > la prévention des vols de l’OCBC > les faux en art |
cette curieuse exposition virtuelle commentée parle des relations entre l’homme et les animaux
par exemple avec cette oeuvre fantastique de Hugo Weiss par Les Atamanes |
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... sur la Seine, consacré à la photo, celui-là (savez-vous quel autre se consacre au street-art ?) |
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peu connue mais abondante, avec de nombreux artistes de 1er rang au Musée Français de la Carte à Jouer |
la suissesse Thérèse-Agnès Franzoni a peint ce cerisier en fleurs en1890, époque du retour à la nature de particulier à particulier |
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