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Arte-Povera, ou l’art pauvre au Centre Pompidou

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Arte-Povera, ou l’art pauvre,
au Centre Pompidou, jusqu’au 29 août 2016

 

dans les années 60 l’expression de la pauvreté intéresse des artistes qui rejettent la société de consommation sur le modèle américain ; "son premier effet consiste à accommoder les restes, mais il ne s’agit pas de gérer la pénurie ; ce qui intéresse ces artistes ce n’est pas la faiblesse, c’est la réinvention, le potentiel créatif : agir pauvre c’est d’abord résister, puis ouvrir de nouvelles voies" [DP] ; ainsi l’Arte-Povera, cet "art pauvre" né en Italie, est-il un mouvement d’une grande richesse d’expression et de matières, dont le nom est resté jusqu’à nous

 

L’Arte-Povera n’est pas proprement dit un mouvement car il ne revendique rien et n’est même pas politique alors que l’Italie est en pleine effervescence, il est plutôt une façon d’être et de créer

> en 1967 le critique Germano Celant invente l’expression et, faute de véritable manifeste, Alighiero Boetti réalise cette affiche Manifesto qui dresse une liste de noms d’artistes devant entrer dans le domaine de l’art pauvre (mais avec le recul, plusieurs ne devraient pas y figurer et d’autres n’y sont pas comme Fontana, venu plus tard)

 

 

Alighiero Boetti, Manifesta, 1967
les signes sont une sorte de classification
  Boetti art contemporain Arte-Povera art pauvre

l’Arte-Povera dans l’art plastique

  Manzoni art contemporain Arte-Povera art pauvre

 

 

les trois figures de l’art italien des années 50 sont Lucio Fontana, Piero Manzoni, Alberto Burri et Mario Merz qui ont une place importante dans l’exposition.
Ils ont des styles très différents ce qui montre la diversité de ce courant dont les préoccupations majeures sont la nature et ses matières, l’écriture, la parole, l’énergie vitale, l’animalité, l’abri… et ces oeuvres ont aussi autre chose en commun : "une importante dimension romantique" remarque Frédéric Paul, le Commissaire de l’exposition

> cette oeuvre de Piero Manzoni est en Kaolin, une sorte d’argile blanc et friable

Piero Manzoni, Achrome, 1959, 140x121
Kaolin sur toile plissée

 
Au 20è siècle l’Arte-Povera se repère assez facilement par les matériaux utilisés, naturels ou de récupération, par la simplicité de la mise en oeuvre ; mais le genre a une plus profonde volonté, celle d’une nouvelle démarche symbolique faite de gestes archaïques et souvent proche de la nature, une annonce précoce des principes écologiques actuels

  Mario Merz art contemporain Arte-Povera art pauvre

 

 

> une des rares oeuvres engagée : cet abri en forme d’igloo de Mario Merz, qui montre la vulnérabilité de l’homme l’obligeant à s’abriter ; mais la phrase du général Giap déclamée en néon révèle son parti politique : "si l’ennemi se concentre, il perd du terrain, s’il se disperse, il perd sa force" ; on peut supposer le rapport entre cette phrase et l’abri : sa construction de fortune est partout facile à faire pour une armée en campagne

 

Mario Merz, Igloo di Giap, 1968,
fer, sacs de plastique contenant de l’argile, néon

 
Actuellement l’Arte-Povera (de l’époque) il est plus difficile à reconnaître car, depuis, les frontières sont devenues floues entre l’art pauvre, l’art conceptuel, l’art minimal, voire les arts premiers, notamment du fait que l’écologie est devenue omniprésente en art 

  Penone art contemporain Arte-Povera art pauvre

 

 

il faut plutôt considérer que l’Arte-Povera est une "discipline" (terme proposé par Serge Lasvignes, Président du Centre Pompidou), une discipline historique qui a compté, et la remettre dans le contexte des 60’s italiennes

> par la suite elle se perpétue par ses artistes encore vivants, qui ont aussi évolué et qui ne se réclame pas forcément encore de l’Arte-Povera, comme par exemple Giuseppe Penone et Jannis Kounellis (pour celui-ci, voir son exposition à la Monnaie de Paris)

 

Giuseppe Penone, Soffio6 (souffle),
1978, 158x75x7, terre-cuite

Un point n’a pas été mis en avant au Centre Pompidou : le fait d’utiliser des matériaux de base et naturels, qui sont parfois dégradables, rend les oeuvres éphémères ; est-ce autant pour cela de l’art éphémère ? réponse d’une historienne de l’art

 

l’Arte-Povera dans le design et l’architecture

le mouvement atteint aussi l’architecture : de1973 à1975 GlobalTools devient une "contre-école d’architecture et de design", réunissant des designers et architectes italiens autour d’une aspiration à repenser l’espace social et politique, dans un premier cadre écologique : matériaux pauvres, savoir-faire manuel, artisanat, création collective et participative

> las, comme à chaque contestation on réinvente trop fort et trop loin, et on entre dans l’utopie intellectuelle : l’inverse de l’amélioration sociale visée... ce qui ne pouvait pas durer dans un domaine aussi utilitaire : l’architecture pauvre n’a pas survécu, bien que le mouvement écologique actuel en reprend des principes

Michele de Lucchi, Abitazioni verticali, 1975
  di Lucci architecture moderne Arte-Povera art pauvre

 

l’Arte-Povera est dans tous les arts

  Dalisi art contemporain Arte-Povera art pauvre

 

 

l’art pauvre a induit des expériences dans la performance, la danse, le cinéma et la musique contemporaine, toutes disciplines qui n’ont pas échappé à l’exagération expérimentale par des écrans noirs, des danses nues,des récitations déconstruites, des sons silencieux et d’amusantes expérimentations utopistes dans la ville

> ainsi cette création collective de Riccardo Dalisi qui se réapproprie la ville ; mais quelle belle époque, à des années-lumière du principe de précaution qui nous plombe ! verriez-vous aujourd’hui des enfants s’amuser comme cela ?

 

Riccardo Dalisi, Animazione al Rione Traian
1975 (courtoisie archivesDalisi)

 
En fait tout cela n’a pas survécu, sauf en art plastique où au contraire, de grands noms perpétuent l’esprit en transformant le mouvement d’origine.

 

 

 

plus d’infos :

> l’exposition au Centre Pompidou
> le Crocodilus Fibonacci de Mario Merz
> l’Arte-Povera, histoire, artistes

 

 



 

 

 

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