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Une folie ! Préparation durant des mois, chefs d’oeuvres voyageant à la rencontre des collectionneurs, visites privées de "l’Appartement" de la rue de Babylone, puis apothéose sous la nef du Grand Palais par une évocation dudit appartement, de cabinets thématiques et installation d’une salle des ventes de 1600 places et enfin des records battus !
Petite histoire :
depuis 50 ans Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé ont constitué, en une étonnante symbiose, une des plus fabuleuse collection privée d’art du monde par sa taille ( plus de 700 pièces), par son éclectisme (de l’antiquité aux modernes, des bronzes, des peintures, des céramiques, des arts d’Asie, des meubles Art Déco et contemporains, des sculptures en vermeil, or, argent) et par sa qualité. Les oeuvres proviennent de l’appartement de Yves Saint-Laurent et de celui de Pierre Bergé et avaient été réunies en 2004 dans une Fondation conjointe.
Vous étiez 30’000 courageux à vous présenter à la visite libre, dans 1 à 4 heures d’une queue qui entourait la moitié du bâtiment : vous n’êtes certainement pas tous entrés ! Alors faites "comme si" : entrez avec nous !
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Ecoutons Pierre Bergé. Après le décès d’Yves Saint-Laurent le 1er juin 2008, il met en vente cette collection car "elle a perdu une grande partie de sa signification, elle s’est faite à deux. Nous nous sommes fiés à nos coups de foudre et je n’imagine pas poursuivre ma passion de collectionneur sans Yves".
"J’ai eu la chance de vivre avec tous ces objets... je souhaite que d’autres connaissent la même chance... que tout ce que nous avons aimé avec tant de passion trouve place chez d’autres collectionneurs. Ainsi va la vie des œuvres d’art : elles vont de main en main, de maison en maison, d’un continent à l’autre. C’est leur destin. Elles ne sont là que pour être admirées, aimées. Peu importe par qui. Je serais fier si certaines trouvaient place au milieu d’autres chefs-d’œuvre ; je serais surtout heureux si un jour... en regardant une de ces œuvres, un collectionneur pouvait dire en parlant d’Yves Saint Laurent et de moi : ils ne se sont pas trompés." [préambule du Guide d’exposition]
Dès l’entrée de l’exposition, une autre et surprenante épitaphe en grand format vous attend... >> |
...de qui émane cette quelque peu méprisante déclaration ? D’un mécène, pourtant : Edmond de Goncourt qui, avec son inséparable frère, fut aussi un grand collectionneur. Leur voeux se réalisa lors de l’execution testamentaire en 1891 à Drouot, où furent dispersées toutes leurs collections : livres, dessins, pastels, aquarelles, gravures... qui financera dès 1902 l’Academie et le prix Goncourt !
Une mise en scène est extraordinaire ! Dans un labyrinthe capitonné, les oeuvres sont présentées dans une sorte de reconstitution de l’appartement de la rue de Babylone et de la rue Bonaparte, pour respecter l’esprit des accrochages et le jeu de réponse des oeuvres. Le Salon Babylone fut le plus impressionnant :
le salon Babylonne montrait une sculpture en bois de Constantin Brancusi, Mme L.R., 1917, adjugée 29’185€, soit 50% de l’estimation
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le même salon avec à gauche une des deux banquettes de Gustav Miklos réalisées vers 1929, adjugées un peu en dessous de l’estimation basse de 2M€
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Record mondial pour ce peintre, ce Matisse ci-dessous à gauche est adjugé 32M€ hors frais (pour une estimation entre 12 et 18M€) ; pourquoi ? Le prestige de la vente a opéré, mais l’oeuvre est exceptionnelle par l’extrême douceur et la subtilité de ses tons, une vraie émotion que la photo ne peut rendre ; et, commente Christie’s, elle "fait partie d’une longue suite d’expériences que Matisse mena à cette époque sur les fleurs ou les fruits et les tissus" ; une sorte d’aboutissement, donc :
le salon Babylonne donnait sur un faux jardin ; à droite : "Les Coucous, tapis bleu et rose", 1911, de Matisse ... clic=zoom ... (courtoisie GMA) |
Le Danseur, collage de Matisse, 19388
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Matisse encore : l’oeuvre la plus étonnante fut un collage de petite taille (ci-dessus à droite), petit chef d’oeuvre d’équilibre, de simplicité pour une évocation aussi émouvante ; les acheteurs en furent convaincus car cette oeuvre est partie au prix incroyable de... 6’785’000€, au-dessus de son estimation haute !
Passant d’une salle à l’autre, voici la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, signalée par ce grand tableau peint par Andy Warhol, qui ne faisait pas partie de la vente. Fondée en 2002, installée au 5 av Marceau, la fondation assure la conservation de milliers de vêtements, accessoires et dessins du créateur ; elle organise des expositions de tous genres à Paris et dans le monde. Une nouvelle Fondation Pierre Bergé consacrera le produit de la vente à la recherche scientifique notamment contre le Sida. |
Un salon portait leur nom, en raison de la profusion d’oeuvres des Lalanne, comme ces fauteuils Oiseaux de marbre (1974) de François-Xavier (337’000€ la paire pour les grands, 193’000 pour les petits, soit 4 fois leurs estimations...) et comme cette fantastique suite de 15 miroirs à entourages de branchages en bronze de Claude Lalanne, présentés tous ensemble dans "leur" salon très sombre mais éclatant de sun-light (image en bas de page), une mise en scène soignée et avantageuse (1’857’000€ soit le double de l’estimation).
Mais la majorité des pièces était de style Art Déco, comme peut-être le musée des Arts Décoratifs n’en a jamais vus.
déjà dans le salon Babylone, parmi les tableaux, des meubles Art Déco tels ces 4 fauteuils cubiques, 1925 ; l’auteur inconnu ne les a pas empêchés de partir à 103’000€ ! |
fauteuil-oiseau en marbre |
Dans une astmosphère "théâtrale" : bouledogue d’Yves au 1er rang, air de Bellini par la Callas, tout le monde des grands collectionneurs et musées a répondu présent, Pierre Bergé suivant discrètement depuis un "cabinet privé" [Les Echos vendredi 27/02].
<< Picasso, l’incroyable invendu
témoin de la qualité : ce rare Toulouse Lautrec, , 1894
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Un bilan délirant : 374 millions d’Euros pour 657 lots vendus sur 733 (sous réserve) ; malgré la crise, des records pour le tableau des Coucous de Matisse (32M€), la sculpture Madame L.R. de Brancusi (30M€), le tableau Il ritornante de Chirico (11M€), un Géricault, un fauteuil rare d’Eileen Gray (22M€).
Une polémique pour les deux bronzes chinois (tête de rat et de lapin, 16M€ chacune) venant du Palais d’été à Pékin et réclamés par la Chine qui a voulu en interdire la vente.
Un gros couac : invendu cette merveille d’équilibre et de tons subtiles, les Instruments de musique sur guéridon de Picasso... bizarre : estimé 20-30M€ dans le catalogue, il ne figure même plus dans les résultats de Christie’s... qui se serait tellement trompé ?
...car vous trouverez vos cadeaux dans les musées :
> en effet Pierre Bergé a fait don à l’Etat d’une splendide grande tapisserie de Burne-Jones : l’Adoration des mages, qui ira à Orsay et d’un beau tableau de Goya : le Portrait de Don Luis Maria de Cistué », pour le Louvre
> et puis l’Etat a préempté de très belles pièces : - les Lilas de Vuillard et au Conservatoire de Ensor, toutes deux pour le musée d’Orsay - il Ritornante de Chirico pour le Centre Pompidou (un des records !) - un portrait miniature de Louis XIV par Petitot pour le Louvre - des plaques en émail de Limoge du XVIème siècle pour le Château d’Ecouen, l’ensemble pour 13’135’000€, grâce au fonds du Patrimoine et de crédits d’acquisition des musées, et aussi aux contributions des sociétés d’amis de musées, et enfin au mécénat de Pierre Bergé. Bravo !
et aussi :
> tous les résultats de la vente
l’ambiance du salon Lalanne
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cette aquarelle post-surréaliste de Janine Zimbler est typique ; une oeuvre délicate d’une artiste inspirée, dont une oeuvre a été achetée par le Centre Pompidou |
cette "Femme surréaliste à l’oiseau" de Alain Virmaux est dans la tradition surréaliste influencée par l’art brut et l’art africain une belle pièce abordable |
pour votre agenda : et les expos sont ici |
ce beau livre bien illustré pourtant abordable, est un sommet documentaire ! dans la même veine que l’exposition à Pompidou, il parcourt largement le surréalisme et dévoile des artistes qu’on aurait pas toujours cru "atteints" par le mouvement |
le Réalisme fantastique est une expression plus récente du surréalisme
ce Chat Bleu de Raimondo Cardelli (1938-2008) exprime que le rêve serait aussi réel que le quotidien |
tableau en vente chez les Atamanes
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