encadrer une oeuvre d’art : pourquoi, comment ?

encadrer, usage ou nécessité ?

pour ce qui concerne les tableaux et toutes oeuvres d’art murales :
> les pastels et aquarelles sont encadrés sous verre
> les huiles anciennes sont encadrées, lourdement
> les tableaux modernes le sont, légèrement
> les tableaux contemporains rarement
> mais toutes les oeuvres fragiles sont protégées des dégradations, notamment les dessins et photos

quant aux sculptures traditionnelles, c’est le socle qui leur sert de présentoire

il y donc des règles mais surtout des habitudes, dont sortent les oeuvres contemporaines, surtout les accrochables qui ne sont ni fragiles, ni soumises aux conventions.

Dans cette page :

la présentation vue par une exposition :

> si en art traditionnel "le cadre est l’écrin du tableau" (Picasso) et le socle celui de la sculpture (dirait Brancusi), alors le présentoir serait celui de l’objet ; ce que démontre la maison Louis Vuitton dans l’exposition LV Dream
> ce coffret de toilette pour voyageur est en cuir de crocodile, flacons de Lalique ; un objet de luxe historique qui est montré tel quel sur un présentoir, comme une oeuvre d’art encadrée de cuir, moitié tableau en relief, moitié sculpture !
> cette exposition en libre accès accompagne et complémente le centenaire de l’Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, fêté au MAD (voir l’article) ; elle y présente dans une chaude ambiance Art Déco les objets de la marque LV de cette belle époque
> à l’espace LV Dream de Louis Vuitton, en face de la Samaritaine côté quai

 

Vuitton nécessaire de toilette 1925 (courtoisie LV) ... clic = zoom

 > achat-ventes de particulier à particulier

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"le cadre, c’est la récompense
du peintre" (Ingres)
[selon Amaury-Duval dans "l’Atelier d’Ingres"]

Voici ses composants :

> le fond rigidifie le support d’accrochage
> le cadre sert de transition visuelle
> des baguettes peuvent moduler le cadre
> le cache est une feuille délimitant l’oeuvre
> le passe-partout ("marie-louise", "biseau")
est un cache en biseau donnant du relief
> lui ou le cache évitent le contact du verre
> les feuillures du cadre positionnent ces éléments

Certains éléments peuvent se combiner.

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ce type de cadre convient parfaitement aux oeuvres contemporaines, notamment de grande dimension, qui ont besoin de simplicité mais aussi d’être valorisées et protégées des chocs :
> le retour formé par les joues constitue une protection
> l’ensemble est très rigide, facile à accrocher.

Par contre la caisse américaine est pas facile à monter soi-même :
> la clé esthétique est l’espace formé entre les bords de l’oeuvre et les joues du cadre, sa dimension doit être très bien choisie ; ainsi que sa profondeur
> si les joues sont assez larges, l’oeuvre peut être rehaussée (mise en avant) sur le fond
> un verre peut parfois être ajouté devant, l’ensemble formant un caisson

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> suspendu, le tableau penche un peu en avant ; c’est justifié s’il est haut placé, mais à hauteur des yeux cela déplait ; que faire ?
placez en bas du dos à chaque côté une pile de rondelles de feutres autocollantes pour compenser l’inclinaison ; avantages : l’oeuvre est décollée du mur, donc mieux protégée du froid et humidité par le filet d’air dans son dos, cela retient moins la poussière et l’emplacement du cadre est moins marqué sur le mur

> "ça ne rentre pas dans le cadre" à quelques millimètres, alors que faire ?

> suspensions : évitez les ficelles qui vont forcément finir par pourrir... tenons et câble : prévoyez solide !

> voir les formats standards des supports

> pour les photos : les support photographiques

artiste : travaillez proprement !

celui qui dépense beaucoup pour votre oeuvre, aimerait qu’elle soit sur un support correct !
Svp, un peu de respect... merci de ne pas :

> tableau : laisser la vue brute sur ses bords avec clous, toile nue, bavures ; peignez ces bords ou mettez une bande collante, sinon encadrez-le
> dessins : utilisez un papier correct, il y en a des dizaines pour tous les usages
> photos : préférez le montage sur alu plutôt que sur dibond (joli terme pour "carton"...)
.

> Constantin Brancusi va encore plus loin : le socle fait partie intégrante de l’oeuvre, il lui est indissociable ; d’autant qu’il a longuement étudié l’ensemble, essayé plusieurs versions et sculpté lui-même son socle, qu’il empile parfois, "refusant toute hiérarchie entre le haut et le bas, entre le banal et le noble"

< ainsi ce Nouveau Né -en forme d’oeuf ouvrant grand la bouche affamée- est-il déclaré en acier inox et chêne teinté ; la symbiose entre la partie acier et celle en bois est d’autant plus évidente que le socle représente le triomphant phallus co-créateur, que vous pouvez rapprocher de la fameuse Princesse X décrite ici

Constantin Brancusi
Le Nouveau Né2 1927 acier et chêne
(courtoisie C. Pompidou) ... clic = zoom