Shirley Jaffe, l’abstraction libre

ce premier tableau abstrait de Shirley Jaffe pourrait être aussi de Sam Francis, Joan Mitchell ou Amaranth Ehrenhalt (deux autres Américaines à Paris), tant il est caractéristique de l’expressionnisme abstrait, ce courant new-yorkais à la pointe des années 60.
Où est la différence entre ces artistes ? dans leur parcours qui fait suite à ce point commun, dans l’évolution de leurs styles ; c’est là que Shirley Jaffe se révèle une grande artiste, comme le montre cette rétrospective au Centre Pompidou.

Shirley Jaffe ST 1952
collection MNAM 
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"une Américaine à Paris" titre l’exposition ; mais pour Almanart c’est le lieu pérenne du travail et de vie d’un artiste qui importe en art, plus que sa naissance ; alors autant Louise Bourgeois n’est pas une artiste française (ce qu’on entend trop), autant Shirley Jaffe est une artiste française ; d’ailleurs elle récoltait bien des idées de formes dans les rues de Paris, voire les photographiait

< Shirley Jaffe féministe ? "y a -t-il quoi que ce soit que les femmes voient différemment" questionne-t-elle

Shirley Jaffe dans son atelier, extrait du film de Maria le Mouëllic
et Chloe Perlemuter, présenté lors de l’exposition ... clic=zoom

< les prémices de son langage se devinent dans les années 60 lors d’un séjour à Berlin, influencée par les artistes résidents

> progressivement la structuration des oeuvres est plus rigoureuse, moins gestuelle et des formes géométriques apparaissent ; Shirley Jaffe se libère mais n’a pas encore bien défini son vocabulaire

Shirley Jaffe ST v1968
collection MNAM ... clic=zoom

Shirley Jaffe ST v1971
galerie Obadia ... clic = zoom

C’est dans les 70’s qu’elle réalise le saut radical :

> elle abandonne l’abstraction libre pour un style plus construit, avec couleurs en aplats, sans toutefois rejoindre le formalisme de l’abstraction géométrique ; le blanc toujours présent en fond sert à isoler les formes qui, parfois, se superposent ;

Shirley Jaffe poursuivra ses recherches dans cette direction d’équilibre jusqu’à la fin de sa vie, avec des oeuvres apaisantes, moins tourmentées qu’à ses débuts.

Shirley Jaffe Sailing 1985 219x180
collection MNAM
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il n’empêche qu’elle précise que son art "n’est pas la métaphore d’une forme de vie intérieure, ça en peinture, je n’en veux pas ; ce serait plutôt mon commentaire sur le monde que je vois" *2

< parfois elle introduit une part de chaos par l’agencement des formes libres dans le tableau ou l’introduction ponctuelle de zones badigeonnées rapidement ou de lignes brisées : une façon de traduire les désordres du monde ?

Shirley Jaffe Traffic 2007
collection particulière
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plus d’infos :

> l’exposition Shirley Jaffe au Centre Pompidou, commissaire Frédéric Paul
> Frédéric Paul l’a fréquenté pendant 30 ans ; pour l’exposition il publie Shirley Jaffe Transltlantique
> dans son atelier de la rue Saint-Victor, par Brigitte Ollier