Oskar Kokoschka et le pays des merveilles

Oskar Kokoschka en 1917
autoportrait (détail)

Peintre, poète, écrivain, dramaturge, Kokoschka est le trublion des mouvements artistiques et intellectuels de Vienne au début du siècle.
Un Fauve par ses couleurs doublé d’un contestataire corrosif qui rêve d’un monde idéal de fraternité et ne rencontre que la barbarie de la guerre. Blessé à deux reprises, puis enrôlé comme dessinateur, il se conforme à la censure où seule "la jolie guerre" a droit de cité ; alors ses dessins n’y montrent que la joliesse des paysages...

Il voit le fascisme monter, l’accuse et est poursuivi comme artiste dégénéré, plus de 400 de ses toiles sont décrochées et brûlées ; il fuit en Angleterre puis en Suisse où il finira sa vie presque centenaire ; pendant ces courtes périodes de calme et d’introspection où ses recherches donnent des paysages fluides et lumineux, il privilégie la vie qui s’en dégage. Il affirme que ce ne sont pas les convictions politiques qui l’auront animé mais la nécessaire indépendance de l’art pour témoigner de la folie des hommes.

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Oskar Kokoschka,
Anschluss, Alice au pays des Merveilles, 1942
(courtoisie Leopold Museum) ... clic=zoom

A l’aube de la 2ème guerre, il dénonce le fascisme avec violence dans des toiles allégoriques griffées à grands traits de couleurs vives, comme ce tableau Anschluss, Alice au pays des Merveilles :

une femme nue se dresse au milieu d’une scène de guerre ; elle pointe vers le regardeur un doigt interrogateur ; sa candeur et sa pureté contrastent avec l’horreur qui l’entoure.
Elle incarne l’Autriche prisonnière d’un monde aux forces inextricables ; comme Alice, le personnage de Lewis Carroll, Kokoschka dénonce l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne et le comportement hésitant des puissances européennes, France et Angleterre, attitude illustrée par un homme d’affaires, un soldat, un prêtre qui, affolés, se couvrent les yeux, la bouche et les oreilles à la manière des Trois singes de la sagesse.