tapez un ou deux mots :

la couleur noire

 

le noir

 

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Normal : le noir est considéré "privé de lumière", plongé dans l’obscurité, rendu foncé naturellement (il fait noir) ou techniquement (chambre noire) ou accidentellement (un oeil au beurre noir [sic])...
Autrefois en écriture le blanc s’imposait du fait des supports foncés, mais dès l’inversion due à l’invention du papier, les traits noirs se sont imposés sur fonds clairs.
En art, par le même principe, le dessin comme la peinture s’effectuant sur fonds blancs, la couleur noire devint privilégiée, d’autant qu’elle permet de mettre en avant (en lumière) le motif et rend bien les ombres.
une étude de Claude Léger
Kasimir Malevitch Carré noir
Kasimir Malevitch, Carré noir 1914, 80x80
> accueil d’Almanart
> sommaire couleurs

focus : la couleur noire en art, le noir ; tableau noir , origine du noir

 

l’aube du terme :

 
le mot noir est issu, sous la forme "neir", puis "noir", du latin "niger" qui désigne le noir brillant ; dès les premiers écrits il qualifie une teinte très foncée qui ne réfléchit pas la lumière ; la distinction entre noir brillant (réputé beau) et noir mat (plus sinistre, évoquant la mort) était autrefois très vive. "Noir" sert également, dès l’origine, à qualifier une personne de race noire ; remplacé en argot français par "black" lequel traduit le mot "noir" en anglais qui est issu... de la même racine que blanc en français ! belle inversion...

Benjamin Vautier Ben

Benjamin Vautier :

artiste franco-suisse proche de Fluxus, Ben a tôt entrepris de peindre en blanc sur des écriteaux noirs (comme les tableaux noirs de nos enfances) des vérités ou observations souvent cocasses, parfois au sein d’installations ; il entretien un site ludique et évolutif montrant tous les aspects de son art.

(courtoisie Ben)

 

 

 

le noir transcende l’art :

  Seurat

> en dessin :

en préhistoire, la couleur noire apparaît en petite quantité pour tracer les contours, les ombres ou les dessins des cavernes, dont le rendu n’est pas très stable et fragile : ils ont été obtenus par le charbon, la fumée, le cep de vigne, les noix (actuellement le brou de noix), l’os carbonisé ou les cailloux pulvérisés (graphite) disponibles directement dans la nature.
La mine de plomb, stable et précise, ne vint qu’au 16è au 19è siècle, utilisée par les plus grands artistes tels que Vinci ou Dûrer.

 

Seurat, crayon conté ; musée d’Orsay (courtoisie)
une maîtrise conduisant à un rendu proche de la photo

 
Puis ce fut le graphite (du grec "graphein" qui signifie écrire), une variété naturelle du carbone, qui a supplanté le plomb ; le graphite présente les mêmes facilités et souplesse d’utilisation que la mine de plomb sans en avoir la nocivité ; il peut être utilisé en crayon (souple et friable, il faut le contenir) ou en batons sculptés (arrondis ou en aplats), et bien sûr en poudre comme un pigment ou un pastel ; en mélangeant le graphite à une essence (il ne se dilue pas dans l’eau) on obtient un produit qui, selon sa consistance, autorise un travail qui ressemble en tous points à celui de l’encre, du lavis ou.... du crayon par brossage à sec.

> en encre :

l’encre nécessaire à la fois au calligraphe, au peintre et à l’estampeur, a joué un rôle important dans le développement de la couleur noire.
On trouve des "pierres à encre" dans les trésors des anciens temples en Chine, à base de suie comme pigment et colle comme liant ; les encres chinoises ont des qualités telles qu’elles supplantent encore de nos jours les encres occidentales : elles ne virent pas au marron, ne dégradent pas leur support, ne se diluent pas dans l’eau et leurs propriétés autorisent toute les nuances, du noir profond (le jais), au gris le plus doux ; aussi les subtils dégradés des nuages et brumes, les traits élégants de la calligraphie, restent la grande marque des artistes chinois.

calligraphie chinoise traditionnelle
mais contemporaine

 

> en photo :

si techniquement le noir & blanc (après le cépia) était inévitable, la couleur devenue courante n’a pas pour autant découragé nombre de photographes contemporains qui y trouvent (nous aussi) un charme particulier, une capacité à révéler des atmosphères que la couleur ne peut rendre par surcharge informative et par proximité du réel ; si la couleur numérique peut être aisément traitée par informatique, le négatif noir & blanc est tout aussi traitable, au moment du tirage, directement par le photographe qui y voit un moyen de manipulation artistique complémentaire à la prise de vue. Ainsi la photo argentique noir & blanc reste une démarche différente et parallèle à la photo numérique informatisée ; ellle reste un moyen privilégié pour travailler les ombres, comme le font si bien Alexandre Rodtchenko ou Rasi qui privilégie l’ombre et l’obscur ("le sujet de mes photos c’est la disparition de la lumière..." [entretien avec Michèle Baj-Stroble, 2007]).

 

Pascal Maljette

Le poids du noir cache quelques touches de couleurs : souvent les tableaux "noirs" ne se découvrent que sous des angles ou des éclairages différents

> en peinture :

pendant longtemps il a été difficile de fabriquer un noir qui soit stable, ainsi les tableaux peints à partir d’un noir de fumée ou de goudron (voir l’encart) se dégradent ; on pouvait obtenir de meilleurs résultats avec des pigments issus de l’ivoire calciné, qui donnent un noir magnifique, mais à un prix exhorbitant lié à la rareté de l’ivoire ; ceci explique que jusqu’au Moyen Age on trouve peu de grandes surfaces noires en peinture.
Ce sont les teinturiers italiens de la fin du XIVè siècle qui, poussés par la Réforme ayant déclaré la guerre aux tons vifs, vont réaliser de grands progrès pour créer une gamme de couleurs noires pour les tissus ; de nombreuses techniques de création de la peinture noire y trouvent leur origine.

 

<< Pascal Maljette, ST, huile, 2006 ... clic = zoom

 

Désormais la couleur noire est devenue la plus utilisée parce que très couvrante, économique par le nombre de procédés de fabrication, dont les catégories peuvent ainsi se classer :
> animale : noir d’ivoire, d’os, de bois d’animaux
> végétale : noir de fumée, de campêche, de vigne, de suie, de noix, de fusain
> minérale : vase, khôl, bitume, poudre de plomb, goudron
> chimique : noir de mars, de fer (oxydes chauffés à l’huile ou au goudron), de carbone...

 

 

> le goudron de Chiu Hsi-Hsun :

abandonné par manque de stabilité en peinture et sa difficulté à être travaillé, il revient pourtant dans l’art contemporain : l’artiste chinois Chiu Hsi-Hsun explique que "le défi à relever est que cette matière ne se retravaille pas, on ne peut l’utiliser qu’une fois ; sa consistance pousse à utiliser des techniques de traits proches de la calligraphie dont les pinceaux sont remplacés par des cuillers et des truelles ; impossible aussi de contrôler les formes car l’asphalte ordinaire ne tient pas sur la toile ; si sa température est trop haute, il fond et change de texture ; en refroidissant, il se craquèle et tombe en morceau" ; pourtant des artistes contemporains l’emploient, Soulages par exemple, d’autant que par ajout d’autres produits, on obtient des effets intéressants.

> l’Outre Noir de Pierre Soulages :

a peint plus de 1500 toiles, essentiellement noires (voir) .
Une période qui sera abordée sous le nom Outre Noir pour désigner la réflexion de la lumière sur la toile ; la Fondation Maeght a présenté en 2006 une remarquable exposition intitulée "le Noir est une couleur" mettant en exergue toutes les caractéristiques de la peinture noire : selon qu’elle soient issues de l’utilisation de goudron ou d’encre, les couleurs noires ne se valent pas.
C’est, dit Soulages, "une couleur violente mais qui incite à l’intériorisation... quand la lumière s’y reflète, le noir la transforme, la transmute ; il ouvre un champ mental qui lui est propre" (Noir lumière, entretiens avec Françoise Jaunin, La Bibliothèque des arts, Lausanne, 2002)

 
> Kasimir Malevitch
aura créé au début du XXè siècle ses fameux "Carrés", aboutissement de l’abstraction minimaliste qu’il a inventé (avant d’être forcé par les Soviets de revenir à la figuration), dont le Carrré Noir sur Fond Blanc (image en haut de page)

 

une symbolique lumineuse :

Les premiers emplois abstraits du noir remontent au 12è siècle où il qualifie ce qui est méchant, mauvais, mal et par association : la nuit, la peur, la mélancolie, la tristesse, l’austérité, le deuil, le malheur, la mort… "Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir" : tout le contraire du blanc !

 

Valérie Belin

Valérie Belin, 2000, argentique ;
mariée marocaine
(courtoisie Jérôme de Noirmont)
 

> de l’autorité et rigueur..

en occident il y a le noir de la tempérance qui fut porté par les moines et imposé par la Réforme comme la soutane le fut aux curés ; il y a celui de l’autorité (le sabre s’est souvent marié avec le goupillon), de la rigueur : habit noir des gendarmes, des juges, des arbitres, des garçons de café et des costumes des hommes sérieux... L’homme en noir impose le respect ou la peur

 

> ...à la moralité :

depuis les austères réformateurs du XVIè siècle jusqu’à nos patrons d’industrie, il n’est pas convenable de se faire remarquer par des couleurs vives ; il est de bon ton pour un honnête citoyen de rester discret ; le puritain Henri Ford refusa longtemps de vendre des voitures autres que noires au mépris de la demande ! En est-on vraiment libéré, alors que les costumes masculins et nos tenues de cérémonie dérogent peu à cette règle ?

 

 

C’est ce même symbole social qui a longtemps privé nos objets familiers de couleurs plus ludiques ou plus gaies ; pour être sérieusement considéré, un objet devait avoir une couleur neutre : blanc pour la cuisine, brun pour le bureau ; il semble même que le cinéma couleur aurait pu être commercialisé plus tôt s’il n’y avait eu ce frein moralisateur.

 

> le méchant ou néfaste :

"devenir la bête noire" de quelqu’un peut engendrer une colère... noire ; le drapeau noir des pirates signifie la mort, repris plus tard par les anarchistes ; avoir une âme noire n’est pas très engageant non plus mais, paradoxe, les romans noirs ou l’humour noir vous éviteront peut-être de "broyer du noir".

 

> la tristesse et le malheur :

le noir est associé à la Terre, à l’Enfer, au monde souterrain, et naturellement fut la couleur du deuil dès le 14è siècle dans les sociétés occidentales puisque chez nous le corps retourne à la terre : le noir est donc présent aux funérailles par opposition aux asiatiques où la mort transforme en "corps glorieux" qui s’élève vers l’innocence et l’immaculé, alors le deuil se porte en blanc.

 

> la suspicion ou la clandestinité :

associé à la Terre, il l’est donc au monde souterrain : ainsi les messes noires et la magie noire ; notre vocabulaire reste imprégné de tous les sens que peut avoir le qualificatif de noir dans cette acceptation : une caisse noire, une liste noire, le marché noir pendant la guerre et le travail au noir bien actuel ; "noircir le tableau" quand on fait la description d’une situation n’est pas le fait de sa couleur mais bien de dénigrer ou aggraver avec une connotation négative.

 

plus d’info :

 


> Michel Pastoureau : Il était une fois les couleurs
> Gérard Georges Lemaire : le Noir

 

 

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