L'art va t-il aussi être en crise profonde ? longtemps ?
La question de
la valeur patrimoniale de l’acquisition se pose actuellement par rapport aux risques et opportunités d'une crise bien présente.

 

l'art entre en période de crise !

  • le modèle de crise de l'art en 1990
    et ses incidences sur le marché actuel
  • l'art va-t-il suivre le modèle de 90 ?
  • un décalage avec la dépression ?
  • l'art : une valeur refuge ?
  • l'artiste a-t-il une influence sur vos choix ?
  • comment faire face à la crise ?

 

> voir aussi :

l’aspect fiscal

les conseils de base

> accueil d'Almanart > sommaire de investir

> réagissez à cet article

 

rappel : le modèle de la crise de 1990

 

 

A chaque crise économique vient la question : "le marché de l'art va-t-il aussi plonger, quand, ou en est-il déconnecté ?"

Ainsi fin 2007 est revenu le souvenir de la crise de 1990, où après 3 ans de folle inflation, l'art s'était brutalement écroulé. Pour comprendre ce qui peut nous arriver, un retour en arrière est indispensable (ci à droite) =>

 

=> répétition ou non des situations, les indices actuels convergent vers une perturbation durable (2-4 ans), bien que la mondialisation fasse modérateur.
Une hypothèse [Les Echos 24 juin 2008] avançait une stagflation comme celle de 1980 suite à la crise du pétrole de 1979 ; stagflation plutôt que dépression ? Cest possible, car depuis l'été 2008 s'affichent une diminution du prix du baril, une diminution de l'inflation, une appréciation du dollar, tous éléments qui peuvent modérer les excès de pessimisme

 

la crise de 1990 :
en 1987 il y a eu un crack boursier dans un contexte économique défavorable : dès 1985 l'augmentation des importations aux USA comme celle des dépenses militaires avaient ralenti la croissance à 2% par an avec un creusement du déficit budgétaire et une baisse du dollar : telle est bien notre situation entre 2007 et 2008 ; par contre l'inflation avait ralenti en Occident et le prix du pétrole s'était affaissé : éléments contraires ; cette conjoncture avait perduré jusqu'en 95 entraînant une diminution du commerce international : élément différent puisque les échanges mondiaux actuels ont explosé, se déplaçant vers l'Asie.
Autre similitude, le krach boursier de 87 avait créé un désordre monétaire aux USA (avec banqueroutes de caisses d'épargne) puis en Europe : s'il y a bien ici une parenté avec l'éclatement de la bulle internet en 2003 et la crise des subprimes en 2007 (provoquant aussi des banqueroutes), le contexte a changé : aujourd'hui le chômage aura diminué en Europe et la mondialisation a induit un fort niveau d'échange avec la Chine et l'Inde ; et si les liquidités étaient rares à l'époque, elles auront encore abondé jusqu'en fin 2008. Espérons qu'elles se débloqueront par les mesures de garantie bancaires d'octobre, car alors nous serons bien dans la "crise de 90"…

 

quelles seraient les incidences sur le marché de l'art actuel ?

Depuis fin 2007 la crise financière qui tourne en crise économique pourrait avoir une incidence plus ou moins sur le marché de l'art : quels éléments peut-on avancer aujourd'hui, en octobre 2008 ?

 

 

 

va-t-on en 2009 subir une même loi que celle de 90 ?

Avant de risquer des prévisions pour 2008-2009, prenons du recul et analysons le passé, porteur de leçons :

 


image
(courtezy Artprice.com) .... clic=zoom

 

Argument du non :
> lors de la crise1990 le marché était structurellement différent, la mondialisation commençait, les économies continentales ne pouvaient encore se compenser
> l'art contemporain était restreint aux connaisseurs, alors qu'il est devenu très populaire
> la partie spéculative reposait beaucoup sur des emprunts bancaires par absence de liquidités, ce n'est pas le cas actuellement

Argument du oui :
> même une stagflation signifie une baisse du pouvoir d'achat, alors une récession…
> le plus touché sera le segment moyen de gamme, celui des collectionneurs avertis, raisonnables et bien conseillés, sensibles à l'art autant qu'à sa valeur (chez les spéculateurs les oeuvres ne sont que des valeurs qui tournent vite) ; ils vont devenir prudents, conserver plus longtemps leurs oeuvres ; donc les transactions seront moins nombreuses, touchant une majorité de galeries et de maisons de vente hors les 3 grandes Christie's, Sotheby's, Artcurial qui se sont internationalisées
> le haut de gamme est aussi concerné : plusieurs acheteurs américains et russes (qui achètent en Europe) viennent de perdre leur fortune cet automne, seuls les asiatiques restent forts (les européens aussi dans une certaine mesure)

et en France ?

> ici le facteur-clé est le pouvoir d'achat , car le modèle économique français repose sur la consommation au lieu de l'investissement, un comble pour un pays qui chasse les collectionneurs riches, les seuls qui pourraient encore résister à la crise… Donc peu de changement pour le haut de gamme qui n'a jamais été ici, mais les segments moyens et bas vont l'être très fortement

> de plus sur le segment moyen et à long terme : la démographie papi-boomière fait qu'un nombre croissant de cadres (environ 3 millions vers 2050) encore rémunérés à 100000€/an va percevoir une retraite recouverte seulement à 50%, 45% dans 10 ans, et 40% dans 30 ans ; cela pèsera sur le marché de l'art après la crise
> un espoir : que les acheteurs étrangers viennent car les produits qui sont présentés sont excellents

 

haut

 

l'art n'entre-t-il en dépression qu'avec un décalage ?

Oui, l'argument est vérifié, mais maintenant le train est peut-être déjà passé :
> certes les fortes transactions d'art ont continué jusqu'à maintenant (octobre 2008) alors que la crise s'est amorcée un an avant
> c'était pareil en 90 : selon notre analyse (page crise #chiffres) le crack de fin 1987 ne s'est traduit sur l'art qu'en 1989 qui n'a plongé qu'à partir de 1991, mais à un tel point (40%) que 17 ans après, certaines cotes d'artistes n'ont pas retrouvé leur niveau antérieur ; statistiquement il faudra attendre 2004 pour observer un rétablissement de la cote moyenne des artistes. Ce que bien des acteurs du second marché confirment, notamment Jean-Pierre Arnoux (Président d'Art Saint-Germain et membre du Conseil au CPGA) : cet été 2008 " on est parfois encore en dessous des prix excessifs d'avant 1990 "
> une des raisons serait une lenteur inhabituelle des transactions (voir plus loin)

 

l'art est-il une valeur refuge ?

Certains soutiennent même que l'art ne s'écroule pas ou presque lorsque les autres marchés (bourse, immobilier, matières, change…) jouent l'incertitude, car l'art serait un refuge par rapport à ces placements, même en France où, en plus, il échappe à l'ISF. Mais il y a nuance entre les désirs et les réalités :

 

> les désirs :
début 2008 les maisons de vente se montraient confiants : chez Artcurial , Martin Guesnet observait fin juin 2008 que " les salles sont pleines, la demande est là, les taux d'invendus de l'ordre de 60-70% sont normaux car en 2007 c'étaient les 80-90% qui étaient exceptionnels " ; en juillet le bilan des SVV au1er semestre 2008 était positif, surtout chez Christie's France. Côté galeries, le CPGA restait serein : l'audit fin 2006 montrait une grande satisfaction et au printemps 2008 il se félicitait de sa continuité. Aux USA et en Angleterre (60% du marché mondial) CNN en juillet révélait un mouvement de report des investissements boursiers sur l'art.

> les réalités :
l'inquiétude des professionnels existe : dès fin 2007 les galeristes en confidence s'alarmaient du nombre réduit d'acheteurs et certaines SVV s'interrogeaient sur le pourcentage d'invendus et la nécessaire baisse des estimations ; en 2008 la majorité des foires internationales a accusé un fléchissement , sauf Bâle . L'agence Art Market Insight notait au " 1er trimestre 2008 à l'échelle internationale, une baisse des prix de 7.5% par rapport aux mêmes en 2006, et une réduction en volume de 18% : la hausse du marché paraît stoppée net " ! Et l'été 2008 voyait une baisse de l'indice mondial de l'ordre de 10%.


Indice global des cotes sur le marché mondial des enchères, avant la crise de 2008
(courtezy Artprice.com) .... clic=zoom

 

le choix de l'artiste a-t-il une l'influence ?

Bien sûr, lors du choix d'une oeuvre, l'artiste, le mouvement, l'époque ont une grande influence sur pérennité de sa valeur :

> il faut distinguer deux catégories : les artistes qui sont montés en flèche et peuvent aussi vite redescendre (nous prédisons l'éclatement de la "bulle bling-bling"), et ceux qui tout étant excellents n'ont pas vus leur côte croître exagérément, mais continûment ; ceux là ne connaîtront peu de baisse de leur cote ; rappelez-vous les deux principes fondamentaux d'investissement en art :
 - la qualité : les oeuvres majeures ou historiques qui reviennent sur le marché conservent toujours leur cote ; mais parfois il faut attendre
 - la rareté : plus une oeuvre d'un artiste de qualité est rare, plus sa valeur est et reste élevée.

 

que devez-vous retenir pour faire face à la crise ?

distinguez le haut de gamme qui sert de refuge en attente de jours meilleurs, et les moyens et bas de gamme qui s'affaissent

il reste des années 1990-1994 une dure leçon, pragmatique : le collectionneur s'était aperçu que revendre ses oeuvres, même au prix d'achat, était extrêmement difficile faute d'acheteur (sauf pour les pièces historiques) : la notion de refuge n'a de sens que si vous ne vendez pas

introduisez 2 critères différenciateurs : la qualité et la rareté des oeuvres ; dans chaque segment seules les vraies valeurs artistiques résistent ; elles dépourvues d'un recul suffisant se voient décotées ; l'art-marketing et bling-bling va littéralement plonger. Ainsi l'art va-t-il retrouver une légitimité qu'il aura perdue dans la spéculation de ces six années ; souhaitable épuration !

dans l'esprit spéculatif, la baisse des valeur d'art est une belle occasion d'achats profitables si, investisseur, vous disposez de liquidités. A condition de respecter le critère de qualité. Mieux vaut être très bien conseillé

l'indépendance entre art et économie de marché ne concerne que le très haut de gamme : l'amateur aisé est vite confronté au choix, non plus entre deux oeuvres, mais entre un bien ou service et une oeuvre ; lorsqu'il y a nuage sur l'indice "moral des ménages", les décisions se prennent avec prudence et délai, provoquant un décalage des achats, expliquant le retard entre les indicateurs économiques et ceux de l'art

depuis 5 ans, l'art contemporain voit des concurrent : les Arts Premiers et le Design (en 2008 Tajan comme Artcurial ont ouvert des d épartements spécialisés et de nouvelles galeries s'y consacrent ) ; en BD des ventes s'organisent, la céramique contemporain e s'y met ; en plus de la mauvaise conjoncture s'ajoute une dispersion des opportunités d'investissement en art.

Mais cher collectionneur, vous qui avez besoin d'art pour respirer comme l'artiste a besoin de créer pour vivre, votre aspiration constitue un arc-boutant face à une conjoncture dépressive. Voyez nos conseils pour trouver un compromis plaisir-patrimoine lors d'une conjoncture difficile !

voyez nos conseils !

 

informations sous toutes réserves ...... haut